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CARNAGES

Il y a 100 ans, le monde était plongé dans un bain de sang jamais vu en Europe et au Moyen-Orient. Cette Première Guerre qu’on a dit mondiale ne touchait pas toute la planète directement, mais elle l’était dans bien des sens. Les grandes puissances de l’époque, en effet, étaient lancées à la conquête du monde. Cette concurrence entre les capitalismes et les impérialismes se faisait évidemment sur le dos des peuples. Des centaines de milliers de personnes, civils et militaires, étaient massacrés en Russie, en Allemagne, en France. Les rébellions anticoloniales étaient noyées dans le sang au Maroc, aux Philippines, à Cuba, en Syrie (eh oui), en Afrique australe.

Quelques années plus tard, la révolte des pauvres en Russie et ailleurs a mis fin à la guerre, mais c’était partie remise pour les responsables du carnage. Aussitôt la guerre finie, l’Allemagne, la France, l’Angleterre, les États-Unis, le Japon et d’autres se sont empressés de préparer la suite. La droite et l’extrême de droite se sont rassemblés pour mater les mouvements populaires en Allemagne, en Italie, en Espagne. Les guerres impérialistes ont été intensifiées contre l’Éthiopie, la Chine, la Palestine. Des résistances héroïques ont eu lieu pour imposer la démocratie et la paix, mais la plupart ont été vaincues. Des désespérés se sont tournés vers l’extrême-droite qui promettait le paradis sous la protection de chefs tout puissants, dont un dénommé Adolf Hitler.

Finalement est survenue la deuxième partie de la même guerre mondiale. Cette fois, l’horreur a surpassé tout ce qu’on connaissait auparavant. Les tueries sont devenues des génocides. Le monde est parvenu à un cheveu de l’extermination. Si cela n’est pas survenu, c’est grâce aux résistances des peuples, notamment en Russie, en Yougoslavie, en Grèce, en Chine et partout où le « chant des partisans » a été entendu.

Après cette guerre, les invisibles de la terre sont devenus visibles. L’heure de la décolonisation a sonné, malgré les horribles crimes commis par les colonialistes et les impérialistes en Algérie, en Angola, au Vietnam. Des syndicats et des mouvements populaires ont jusqu’à un certain point imposé de grands compromis aux dominants dans les pays capitalistes. Les populations ont arraché des victoires sociales et économiques, ainsi que l’indépendance nationale. même si dans la plupart des cas les grands idéaux de justice et de démocratie n’ont pas été atteints.

Aujourd’hui, le monde bascule encore une fois. Les puissances actuelles, les États-Unis et ses alliés-subalternes, sont en déclin, mais demeurent très fortes. Des États « émergents » veulent se tailler une place dans la cour des grands, comme la Chine et la Russie. Des combats surgissent partout par « procuration », via des États qui s’impliquent dans cette foire d’empoigne. Chaque puissance appuie « ses » amis, non pas parce qu’ils sont meilleurs et plus démocratiques, mais parce qu’ils sont de « notre » côté. C’est ainsi que les États-Unis et les États-membres de l’OTAN étendent leurs tentacules pour bloquer les luttes d’émancipation et conforter des dictatures en Arabie saoudite, en Turquie, au Pakistan, en Israël et ailleurs. Ils sabotent les tentatives populaires pour imposer la justice et la solidarité.

Alors que se passe-il alors ? Sur les marges de l’Empire dans ce vaste arc des crises qui traverse l’Asie en passant par le Moyen-Orient jusqu’aux confins de l’Afrique, on revient à l’ère des ténèbres. Avec la guerre « sans fin » déclenchée par le président Bush en 2002, le bain de sang atteint des proportions qui commencent à ressembler à ce qui se passait juste avant la Première Guerre mondiale. En moyenne depuis 14 ans, environ 500 Palestiniens, Syriens, Irakiens, Afghans et tant d’autres sont tués chaque jour, dont une grande partie à cause des attaques et des bombardements américains, israéliens, français, canadiens.

Entre-temps, les dictatures tuent et torturent avec la complicité des puissances. Et au bout de la ligne, des mouvements comme Daesh ou Al-Qaida prennent la place. Soyons clairs, ces mouvements sont de redoutables ennemis pour les mouvements populaires, la gauche, les féministes et les syndicalistes. Avec leur idéologie de pacotille inspirée des Frères musulmans et du wahhâbisme saoudien, ils ciblent les minorités religieuses, linguistiques, communautaires. Ils sont enfoncés dans une absurde politique qui pense aller quelque part en employant, avec d’autres moyens, les mêmes guerres de destruction massives menées par les États-Unis et ses alliés-subalternes de l’OTAN. Ils sont appuyés plus ou moins discrètement par des réseaux occultes qui remontent aux alliés locaux des impérialistes qui veulent conforter leur emprise quitte à mener leurs pays à la ruine totale. ET IL FAUT LES COMBATTRE. Mais on le peut pas le faire sans remettre de l’avant la lutte pour la liberté.


Pierre Beaudet
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